Aujourd’hui je reçois un invité très spécial : Mickael Guacide, entrepreneur, conférencier et écrivain. En 2005, il a traversé une terrible épreuve ― un accident de la route qui l’a amené en situation de handicap. Au-delà de la douleur, au-delà du deuil de celui qu’il était, Mickael a su transcender cet évènement pour cheminer vers l’amour de soi. Un chemin de résilience qui l’a fait grandir, et qu’il partage autour de lui.
Quand le drame se transforme en nouveau départ
Accident à 130 km/h. Perte du bras gauche. Perte de la jambe droite. Mobilité réduite à plus de 80 %. 65 opérations chirurgicales. 1 mois de coma. 1 an et 9 mois en centre de rééducation. Des cicatrices qui ne se referment pas. La septicémie. 2 ans à l’hôpital. Mickael ne pourra jamais remarcher. Mais pour lui, en dépit de tout cela, tout ce qui nous arrive dans la vie peut être transformé par les décisions que l’on prend. On peut décider que ce sera mauvais pour nous, auquel cas cela le sera. On peut aussi décider d’en tirer le meilleur.
Et c’est ce qu’a décidé de faire Mickael, sur son lit d’hôpital, alors que toute sa vie était à reconstruire. « Je voyais mon histoire, ce que je ressentais, je voyais ce qu’il y avait à partager. Mes proches étaient sous le choc, ils projetaient leurs propres craintes sur moi. Mais moi, je savais que j’allais en faire quelque chose. » Mickael ne cherche pas à retrouver sa vie d’avant. Il tient à trouver lui-même une réponse à sa situation, à choisir ses mots pour parler de ce qu’il vivait. À se reconstruire avec les cartes qu’il avait en main à l’instant T, sans jamais se mentir à lui-même.
Le handicap ne le définira pas : il emmènera sa situation là où il l’aura décidé, pour ne pas se laisser mener par les évènements. Mickael réalise que tout ce qu’il traverse alors est utile aux autres. « Quand je rencontrais quelqu’un et que je lui parlais, je sentais au timbre de ma voix, aux mots que j’employais, que la personne était en train de changer. J’ai compris que mes mots avaient un impact sur les gens. Que je n’étais pas sur la mauvaise route. »
Se confronter à la vérité pour mieux grandir
Pour Mickael, l’important est de rester vrai avec soi-même, de ne jamais chercher à se mentir ou à dissimuler ses souffrances. Voilà où commence l’amour de soi. Et face à la douleur physique quotidienne, à une vie entière à réimaginer, l’entrepreneur commence alors à prendre l’habitude de se poser 3 questions :
- « Qu’est-ce que j’ai appris ? »
- « Qu’est-ce que j’ai compris ? »
- « Qu’est-ce que je vais faire de ça ? »
Se poser ces questions régulièrement ne va pas de soi car ce n’est pas ce qu’on nous apprend à l’école. Pourtant, avec l’entrainement, cela peut nous aider à transcender tout ce qui nous arrive dans la vie, les évènements comme les remarques des autres. Les réponses n’en sont pas forcément évidentes car regarder la vérité en face n’est pas toujours confortable. Pourtant, c’est une option que l’on peut s’entraîner à suivre lorsqu’on a l’habitude de répondre par réaction (agressivité, perte de confiance en soi…) à ce type de situation.
Accepter de se confronter aux vérités qui font mal, c’est déjà grandir. C’est aussi endosser sa part de responsabilité dans ce qui arrive – et accepter de s’aimer même si on n’a pas été à la hauteur de ce qu’on aurait voulu. Cette vision d’un soi parfait est un fantasme, c’est irréel. Il faut apprendre à se pardonner : la personne que l’on était a agi ainsi parce que cela répondait à un besoin, rien de plus. Et au-delà du pardon que l’on peut s’offrir, il y a la gratitude : tout ce que l’on fait, tout ce que l’on vit, participe dans une échelle de temps plus longue à la personne que l’on va devenir et à ce que l’on va accomplir. Lorsqu’on prend du recul, on réalise que tout est juste.
L’égoïsme est au cœur l’amour de soi
Pour Mickael, il y a deux sortes d’égoïsme :
- « L’égoïsme mal placé », lorsqu’on fait les choses pour son propre plaisir sans se soucier des autres ;
- « L’égoïsme bien placé », lorsqu’on agit pour se nourrir soi-même et qu’au passage on fait du bien autour de soi, sans interférer avec les intérêts des autres.
Partir en quête de l’amour de soi, c’est accepter d’agir parfois par égoïsme bien placé. Donner le meilleur de soi-même n’est pas possible lorsqu’on est vide à l’intérieur. C’est comme un paquet de bonbons dans lequel tout le monde pioche mais que personne ne remplit jamais. L’objectif est de distribuer l’abondance autour de soi, en commençant par soi.
Pour cela, il faut apprendre à se retrouver seul avec soi-même. Percevoir son propre dialogue intérieur, écouter son intuition, ressentir ses besoins physiques, dompter ses peurs, apprendre à se connaître, accueillir pleinement toutes ses émotions pour mieux les gérer. C’est là que « ta présence peut changer quelque chose. Un sourire, une réaction, un toucher peuvent changer quelque chose dans la vie de quelqu’un ». Apprendre à apprécier sa propre compagnie, c’est aussi se détacher du besoin d’une validation extérieure et assainir les relations que l’on a avec les autres. Si le bien-être et l’accomplissement se transmettent à l’extérieur de soi, ils ne peuvent venir que de l’intérieur.
Pour Mickael, l’amour de soi c’est cheminer vers une forme de paix intérieure. C’est se donner les moyens de faire librement ses propres choix. C’est se créer une vie que personne n’attend mais qui sera source de richesse pour tous. « Les bras ne vont pas repousser, les jambes non plus. La situation est telle qu’elle est. Les problèmes sont ce qu’ils sont mais c’est ce que vous décidez d’en faire qui est important. Si tu rends les choses belles, elles seront belles ».
Découvrez l’intégralité de l’entretien avec Mickael Guacide sur Instagram [durée : 1h18]
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